jeudi 7 avril 2011

La ceinture

Je suis à quatre pattes sur le lit de cette grande chambre d’hôtel. J’attends, immobile ma punition. Je l’entends s’affairer derrière moi, faire des allers-retours, je me demande à quoi il pense à cet instant. Moi je pense à la douleur, à ma manière de la vivre. Vais je supporter ? Vais je y arriver ? Je ne me souviens plus à cet instant pourquoi je suis punie, j’ai déjà oublié ou plutôt j’ai encore oublié. Il ne me le rappellera pas, ni ne m’interrogera sur cette punition.
Je m’étais imaginée des dizaines de fois cette scène. Lui me demandant de me mettre à genoux face à lui, de le regarder dans les yeux et de prononcer ma faute. J’ai du mal à articuler, les mots ne viennent pas. Il attend, impassible, son regard clair plongé dans le mien. Puis il défait lentement sa ceinture, la fait coulisser dans les liens de son pantalon. Je reste fixée sur l’objet entre désir et peur. Je sens toute sa puissance. Il la tient dans sa main et m’ordonne de me mettre à quatre pattes bien cambrée.
Retour sur le lit dans ma position, sa voix me sort de ma torpeur. Il me demande de compter à voix haute les coups. Le premier s’abat sur mes fesses. J’imaginais pire. Je ne parle pas, ma gorge est sèche. Il attend. J’hésite entre obéissance et défi, mais la peur a raison de moi et je m’entends prononcer un à toute petite voix. Il me demande de répéter, je lui en veux mais prends sur moi pour prononcer ce premier chiffre de manière audible. UN. Les coups s’enchaînent, je prononce les chiffres machinalement, j’ai envie qu’il aille vite malgré la douleur. DIX. Je suis à la moitié. J’ai l’impression que je ne vais pas tenir… Les cinq suivants sont à la limite du supportable. Je hurle le QUINZE en essayant de me dégager, je ne veux plus rien sentir, je veux partir. Je tremble, de peur, de fatigue, submergée par les émotions contradictoires. Une courte pause. J’ai juste envie d’en finir. Je me demande à quoi ressemblent mes fesses mais pas le temps de m’évader. Les coups recommencent. DIX NEUF. Il n’en reste plus qu’un. Je suis heureuse, je sais que ma punition va bientôt prendre fin… Mais je redoute le dernier. Il prend son temps. Comment va t’il me le donner ? Quel impact veut il lui donner ? Il est là, ça y est, plus fort que les autres, je ne peux m’empêcher de crier. Je n’ai pas envie de le prononcer. Je m’écroule et me recroqueville. Il ne bouge pas. Un petit vingt sort de ma bouche et je glisse ma tête sous un oreiller pour ne plus voir, plus entendre, plus sentir…
Je reste là quelques instants, sa main passe sur mes fesses que je sens brûlantes. Je le déteste. Comment peut il avoir l’idée de me caresser après ce qu’il m’a infligé ? J’aimerai me fondre dans le lit, disparaître… Je redoute qu’il prenne ma tête entre ses mains et demande à voir mon regard… Mais il ne le fait pas, il se met debout près de ma tête et me demande si j’ai oublié ce que j’avais à faire… Oublier ? Jamais je n’aurais pu oublier, mais j’avais espéré qu’il n’y penserait plus, ou qu’il m’épargnerait cette humiliation. Non, il n’a pas oublié et je dois m’exécuter. J’embrasse son pied droit du bout des lèvres, il en veut davantage. Je continue à poser mes lèvres sur ce pied, le léchant discrètement. Il approche l’autre. Je m’exécute docilement malgré cette profonde colère en moi. Viennent ensuite ses mains, je préfère leur contact, leur douceur. J’y mets plus de cœur, plus d’envie. Il les écarte pour me dévoiler ses couilles. Je sais que c’est la dernière étape, la plus redoutée. Plus vite je m’y mettrai, plus vite mon supplice sera terminé. Mais face à elles, j’ai envie de les lécher, pas de les embrasser, non, de les lécher avidement. Je ne m’en prive pas, je joue avec, les prenant en bouche, leur donnant des coups de langue… Il recule doucement et me dit « Te souviens tu de ce que je dois te faire maintenant ? » Je reste sans voix, non, je ne me souviens plus, encore un oubli. J’ai peur. « Je vais t’enculer ».

6 commentaires:

  1. J'attendais ce texte. Le récit de cette punition. La ceinture. J'aurais pu t'imposer la canne. Cette canne en rotin qui est bien souvent le prolongement de mon bras. Mais la ceinture partage ma vie au quotidien. Comme un serpent qui m'entoure. C'est facile de la faire coulisser des passants. Et donc je peux l'utiliser facilement. J'aime cette idée de prendre ce que l'on a sous la main. C'est bien cela la ceinture. La punition à l'état brut. Sans tambour ni trompette. Bien nette. Direct. Après c'est le son. Car la ceinture sur la peau des fesses, ça claque et laisse des traces. Des boursouflures. Des sillons larges. Comme des traces de roues. De larges marques (au contraire des lignes produites par la fine tige dure du rotin). Je sais que le lendemain matin, tu t'es réveillée et tu as regardé ces marques sur tes fesses dans la glace. Et la mémoire t'est revenue. Cette mémoire qui te fait parfois défaut quand tu oublies le motif de la punition. J'en ai une pour deux de mémoire. Tu le sais. Je me souviens de tout. Chaque seconde vécue. Chaque motif. Chaque châtiment. Les châtiments sont des marches qui mènent au sublime. La reconnaissance du Maître. Ce don de soi qui fait l'esclave. Ce texte est bien une marche franchie. Tu as posé ton pied sur la première marche. Il y en a tant d'autres à gravir... Tant et tant. L'infini est loin. Si loin mais si beau aussi.

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  2. BRRRR !!!
    Non non non, il n'y a pas que cela de vrai !!! Heureusement que non !!!
    Si elle en devient commune au point d'en oublier même ce qui l'a provoquée, où est son intérêt "éducatif" alors ???
    Pas d'accord du tout : la punition doit exister certes, mais ce ne sont pas les châtiments qui mènent au sublime ni qui montrent le mieux la reconnaissance du Maître... et encore moins "le Don de soi qui fait l'esclave".
    Très étonnée par ces écrits... que je ne pensais certainement pas trouver ici ; peut-être ai-je mal compris ?

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  3. Chère Malo,
    Moi je ne lis pas le texte de la même manière que vous car je sais que ce n'est pas ce qu'il exprime à première vue. Je ne suis pas dans la surenchère et le matraquage et celui que j'ai choisi non plus. Les marches dont Il parle ne sont pas des étapes qui se mesurent en coup en souffrance, châtiment ou punition. Je prends plutôt l'escalier qui me mène vers mes profondeurs car c'est là que je veux aller.

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  4. Encore un texte très touchant.
    Je sens vos mots qui brûlent en moi...je les envie...
    Est-ce tant la douleur qui est insupportable ou bien la douleur de l'esprit d'être ainsi punie?

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  5. Je pense que je ressens physiquement la douleur c'est vrai et j'y suis sensible, très sensible même... Mais je ne souffre pas "moralement" d'être punie, car c'est ce que je recherche. Je provoque la punition qui crée en moi une sensation de peur mêlée à l'excitation... ça me rend folle!!

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  6. C'est un sentiment que je ne connais pas. En effet, quand je suis punie, c'est bien d'abord dans mon esprit que ça se passe et la culpabilité est très grande.
    Je n'arrive à prendre aucun plaisir à la douleur dans ces circonstances.
    Alors qu'une fausse punition pour le jeu et le plaisir m'amène rapidement à la jouissance, et là je pourrais écrire les mêmes mots que toi..sensation de peur mêlée à l'excitation qui me rend folle...

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